mardi 11 juin 2013

Soirée du 15 avril 2013

Les poètes: Philippe Rebetez et Jean-Marc Denervaud
Le thème: Inspiration libre


Deux poètes suisses au programme de notre soirée:
Tout d'abord, Philippe Rebetez, qui est né en 1956 et qui vit à Delémont, dans le Jura suisse, où il exerce la profession de travailleur social. Deux recueils de ses poèmes ont déjà été publiés aux Editions Samizdat: Atelier des saisons en 2005 et Traces en 2009.
Puis, Jean-Marc Denervaud, qui est né en 1943 à Genève et qui a toujours mené une "double vie" : philosophe et poète d'un côté, militant du monde syndical et associatif de l'autre. Trois recueils de ses poèmes ont été publiés aux Editions Samizdat: Quelque part dans l'inachevé en 2003, Écouter la mer en 2007 et Au delà du portail en 2012.


Quelques textes:

- du recueil: Atelier des saisons de Philippe Rebetez


la tourterelle
rappelle
de la cime du bouleau
que l'hirondelle ne fait pas
à elle seule
le printemps


***


impossible
de revenir
au point de départ
naître
n'est pas
un retour sur image


***


comme la fleur
qui ne vit qu'une saison
tu donnes au quotidien
l'immensité de toi

tu sais la fragilité
des sentiments
et la chaude importance
de ta présence

comme le soleil
de l'hiver
tu te couches
très tôt

tu ne promets pas
de lendemains meilleurs
ta source est journalière
jusqu'à son tarissement


***


arrondir mes mots
les sculpter
les polir
offrir à ceux qui me font vivre
ces empreintes de velours


***


sous la gouttière
des mots évacués
renaissent des vers
de bric et de broc

une perle rare
parfois dénichée

c'est alors la brocante
des poèmes esseulés



- du recueil: Écouter la mer de Jean-Marc Denervaud


Après tant de chemins
De routes et de sentiers
De pistes au désert
Et de voies dans la mer
J'aimerais trouver
Une issue

Le chemin est le but
Me dit-on
Mais le cœur reste fermé
Et dans la poitrine
Couve une braise
Qui cherche la clarté

A l'extrême du cap
Comme le goéland
Plonger dans le vide
Et prendre son envol
Enivré d'espace
Et de légèreté


***


Attendre
Que le gris se déchire
Que s'ouvre le pâle murmure
D'une promesse

Rester immobile
Comme une mer d'étain
Apaise ses profondeurs
Et ses gouffres

Laisser le vent léger
D'un lent voyage
Travailler en sourdine
A découvrir le soleil

La lumière qui se lève
A toujours été là
Et la barque qui s'en va
La recueille en silence


***


Une voile sur l'horizon
Penche
Vers le lointain

Une mer si tranquille
Qu'elle en oublie sa blancheur
Et ronronne
Sous le soleil retrouvé
Vaste dos
D'une profondeur qui sommeille

Le calme parfois
Ressemble à une paix
Qu'on n'aurait pas cherchée


***


La mer court sous le soleil
Ivre d'elle-même
Et de lumière

Chaque jour
Chaque instant
Tisse et trame
L'infini chatoiement
De l'unique étoffe

Et le ciel la mer les haies
Chantent une mélodie
Qui leur appartient


***


L'attrait du dedans
Berce le cœur
Sous le soleil fermé

Le portail reste clos
Et l'océan songeur
Murmure sa comptine

Dans l'intime refuge
Entretenir le feu
S'endormir et rêver

L'autre monde est ici


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