mercredi 22 mai 2013

Petites histoires

Textes de la soirée du 14 janvier

Manque de libellules 

Il était une fois une critique littéraire si réputée de part le monde que des érudits de tous l’univers venaient
soumettre leurs vers à sa correction. Malheureusement, la critique s’exprimait par énigmes et il était bien difficile de comprendre ses observations.
Un martien, par exemple, lui présenta une ballade mémorable sur la teneur en têtards des étangs extraterrestres.
-  Tout cela est bien beau, dit la critique, mais beaucoup trop concentré en pourcentages brumeux et hypothèses amphigouriques. Je ne vois plus les nymphéas sous tant de calculs. Où sont passées les libellules?
De même, un plutonien vint soumettre à son jugement un poème imposant sur l’ensemble des recensements de libellules entre l’an 42 et l’an -1200.
-  C’est intéressant, dit la critique, mais le texte contient tant de libellules que l’on ne voit plus les libellules. Où sont-elles donc parties, les vraies libellules, celles qui font si souvent rêver le poète avec leur couleurs de cristal et d’argent? Une aile frémit et c’est tout un étang qui se retrouve évoqué sous les rimes du firmament.
Un jour, cependant, en désespoir de cause, on amena un crapaud à la critique, et celui-ci se contenta d’ouvrir grand la bouche, lugubre entonnoir où gisait une libellule prémâchée.
- Ah ! Ça, c’est une libellule ! s’exclama la critique avec admiration. Et c’est même toute une mare avec ses alluvions, ses rêves et ses sentiments! Que de beautés dans le mystère d’un entrebâillement! Comme quoi, il suffit d’ouvrir la bouche pour produire un texte convainquant.

***

Les étoiles

Un soir, avant d'aller se coucher, alors que le ciel était libre, la mère montra à son fils le firmament étoilé à l'infini.
Le petit garçon sentait comme un grand mystère en voyant cela et il en était émerveillé.
Après quelques minutes de contemplation, la maman amena son fils au lit, l'embrassa et lui souhaita une bonne nuit de repos. Et l'enfant lui dit "je t'aime".

Au petit matin, alors que le soleil venait de se lever, le petit garçon, encore plus émerveillé que le soir, vint réveillé sa maman. Il la tira hors de son lit en lui disant: "Viens regarder par la fenêtre, maman, les étoiles sont descendues du ciel et se sont installées partout dans le jardin!". La maman, intriguée, s’avança alors comme une petite fille vers la fenêtre et constata la merveille.
Chaque brin d'herbe, chaque fleur, chaque branche, chaque feuille scintillait de gouttes de rosée. Le jardin rayonnait sous un immense soleil. La maman serra fort dans ses bras son petit garçon et lui dit alors "je t'aime".
 

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