Le poète: Jean-Pierre Lemaire
Le thème: L'Avent et Figures bibliques
Né le 18 août 1948 à Sallanches, en Haute-Savoie, Jean-Pierre Lemaire est professeur de lettres et poète. Après une enfance dans le Nord de la France, il s’installe en région
parisienne avec sa famille. Il commence à publier de la poésie dans les
années 80, avec le soutien de Jean Grosjean et Philippe Jaccottet.
Il a
fait paraître à ce jour huit recueils de poèmes, principalement chez
Gallimard, et un essai sur la poésie. Il a reçu en 1999 le Grand Prix de
poésie de l’Académie française.
Sa poésie, d'un lyrisme simple et délicat, s'inscrit dans une visée
chrétienne autant que dans une thématique quotidienne et urbaine.
Quelques textes:
Quelques textes:
- du recueil: LES MARGES DU JOUR
Un chant d'oiseau découpe la fenêtre
Notre lit s'éveille au milieu du jardin
derrière les volets qui ne laissent passer
de la vie que l'invisible
Au fond sur le mur
une échelle de lumière
rouge d'abord, puis dorée
Le long de l'échelle
les musiciens anonymes du jour
montent et descendent
Crois-tu qu'avec la poésie
nous pourrions y monter nous aussi ?
Notre lit s'éveille au milieu du jardin
derrière les volets qui ne laissent passer
de la vie que l'invisible
Au fond sur le mur
une échelle de lumière
rouge d'abord, puis dorée
Le long de l'échelle
les musiciens anonymes du jour
montent et descendent
Crois-tu qu'avec la poésie
nous pourrions y monter nous aussi ?
***
COMMUNAUTÉ
Les manches de chemise accouchent de nos mains
nos mains d'une table unique, immense
et sur le trottoir l'aveugle respire
immobile au milieu du monde
la boulangerie ouverte du soleil
Les manches de chemise accouchent de nos mains
nos mains d'une table unique, immense
et sur le trottoir l'aveugle respire
immobile au milieu du monde
la boulangerie ouverte du soleil
***
Que savent les oiseaux ?
Mystérieusement, à cette heure-ci
tous se souviennent
de la Résurrection
Dans la cour les grands acacias
jaunissent par le cœur
Loin derrière, le ciel
n'a toujours pas faim
A qui peuvent-ils répondre ?
Mystérieusement, à cette heure-ci
tous se souviennent
de la Résurrection
Dans la cour les grands acacias
jaunissent par le cœur
Loin derrière, le ciel
n'a toujours pas faim
A qui peuvent-ils répondre ?
***
Ombres d'oiseaux derrière les volets
Dans sa chambre, l'enfant malade
entend les tapisseries gazouiller doucement
des syllabes qui passent de pièce en pièce
le verre qu'on rince dans la cuisine
et par les interstices de la fenêtre
l'avalanche assourdie, impondérable des nuages :
les bruits du monde presque réconciliés
comme par le bredouillement de la poésie
Mais la grande musique est dehors
où elle se déchire avant d'être perçue
pour que l'homme chante s'il veut l'entendre
Dans sa chambre, l'enfant malade
entend les tapisseries gazouiller doucement
des syllabes qui passent de pièce en pièce
le verre qu'on rince dans la cuisine
et par les interstices de la fenêtre
l'avalanche assourdie, impondérable des nuages :
les bruits du monde presque réconciliés
comme par le bredouillement de la poésie
Mais la grande musique est dehors
où elle se déchire avant d'être perçue
pour que l'homme chante s'il veut l'entendre
***
Cinq enfants à la file
sont entrés dans le fond de l'église
avec une bouffée d'air de la place
atténuant aussitôt leurs voix claires
Ils remontent la nef
toujours menés par l'aînée des fillettes
se glissent devant une rangée de chaises
et restent mystérieusement les uns à côté des autres
priant pour vous, pape Paul VI
dans le bruit d'abeille de leur pensée
Puis ils vont mettre un cierge
qui saura veiller un peu plus longtemps
et ressortent au soleil
En Italie, imperceptiblement
vos épaules se sont détendues
sont entrés dans le fond de l'église
avec une bouffée d'air de la place
atténuant aussitôt leurs voix claires
Ils remontent la nef
toujours menés par l'aînée des fillettes
se glissent devant une rangée de chaises
et restent mystérieusement les uns à côté des autres
priant pour vous, pape Paul VI
dans le bruit d'abeille de leur pensée
Puis ils vont mettre un cierge
qui saura veiller un peu plus longtemps
et ressortent au soleil
En Italie, imperceptiblement
vos épaules se sont détendues
***
TROISIEME VEILLE
Laisse ton corps rendre au monde l'espace
devenir un point parmi ceux qui s'allument
près ou loin, les cuisines où les femmes préparent le jour
les premiers vélos traversant les places mauves
à cette heure où tous peuvent se croiser
dans l'air plus vaste qui circule autour de chaque être
de chaque pierre, chaque feuille, chaque visage
avant qu'ils n'encombrent le carrefour du soleil
Ce n'est pas lui dont nous sommes les fils
Nous suivons même sa naissance au milieu de nous
dans la lumière d'un Père plus lointain
celui qui ne franchit jamais l'horizon
et reste caché derrière l'aurore
Laisse ton corps rendre au monde l'espace
devenir un point parmi ceux qui s'allument
près ou loin, les cuisines où les femmes préparent le jour
les premiers vélos traversant les places mauves
à cette heure où tous peuvent se croiser
dans l'air plus vaste qui circule autour de chaque être
de chaque pierre, chaque feuille, chaque visage
avant qu'ils n'encombrent le carrefour du soleil
Ce n'est pas lui dont nous sommes les fils
Nous suivons même sa naissance au milieu de nous
dans la lumière d'un Père plus lointain
celui qui ne franchit jamais l'horizon
et reste caché derrière l'aurore
***
ICONE
Son visage seul
ressuscite encore
des limbes du mur
Il se tait
et les mots qui nous restent
s'écartent peu à peu
pour laisser passer
entre eux son regard
Son visage seul
ressuscite encore
des limbes du mur
Il se tait
et les mots qui nous restent
s'écartent peu à peu
pour laisser passer
entre eux son regard
***
LE COULOIR ET LA PORTE
Le grand couloir de ton enfance
rayé de lumière
Tu cours là-bas au bout
poursuivi par l'écho de tes propres pas
croyant à quelque gloire au fond
où convergent toutes les lignes de vie
Tu n'as pas vu sur le côté
la seule porte ouverte
encadrant le ciel calme
le regard grave de tes sœurs
et le visage insoupçonné du Christ
tout ce qu'aujourd'hui
tu cherches à tâtons
Tu comprends à présent
que la lumière venait de là
Le grand couloir de ton enfance
rayé de lumière
Tu cours là-bas au bout
poursuivi par l'écho de tes propres pas
croyant à quelque gloire au fond
où convergent toutes les lignes de vie
Tu n'as pas vu sur le côté
la seule porte ouverte
encadrant le ciel calme
le regard grave de tes sœurs
et le visage insoupçonné du Christ
tout ce qu'aujourd'hui
tu cherches à tâtons
Tu comprends à présent
que la lumière venait de là
***
BERCEUSE
Dors, petit enfant, dors
oublie que les étoiles
sont les couteaux d'Hérode
Dors, petit enfant, dors
oublie que le vent
est son cavalier
Dors, petit enfant, dors
ils courent autour du monde
sans trouver le roi caché
Dors, petit enfant, dors
il est avec toi
c'est le secret du monde
Dors, petit enfant, dors
oublie que les étoiles
sont les couteaux d'Hérode
Dors, petit enfant, dors
oublie que le vent
est son cavalier
Dors, petit enfant, dors
ils courent autour du monde
sans trouver le roi caché
Dors, petit enfant, dors
il est avec toi
c'est le secret du monde
Jean-Pierre Lemaire
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