Le poète: Rabindranath Tagore
Le thème: Attendre et épier
Rabindranath Thakur, dit Tagore est
poète, romancier, dramaturge et philosophe de langues bengali et
anglaise.
Il voit le jour en 1861. Son père, qui fut un éminent philosophe, tenait la
recherche de l'Absolu pour l'unique réalité de la vie. Tagore vit
une adolescence marquée par le décès de sa mère et l'enseignement
de son père qui lui apporte la 'révélation de l'amour de la nature
et de Dieu'. Il se rend en Occident vers 1880, alors qu'il renonce à
tout pour 'mieux aimer la nature et Dieu'.
Entre 1901 et 1918, sa
femme, trois de ses enfants et son père meurent. Mais il a la
volonté de transformer sa souffrance en joie et il monte un centre
d'éducation international à Santiniketan au Bengale. Ce centre, qui
devient un lieu dynamique et générateur de cette volonté, gagne
toute la région puis l'Inde.
En 1941, Rabindranath Tagore décède. Ses principaux ouvrages - 'L'Offrande lyrique', 'Souvenirs
d'enfance', 'Navire d'or', 'Gora', 'Le Jardinier d'amour', 'La
Corbeille de fruits' lui valent le prix Nobel de littérature en
1913.
Quelques textes:
« Les vers du poète offrent aux hommes les significations qui leur plaisent ;
mais leur signification dernière est la désignation de Toi. »
***
Laisse seulement subsister ce peu de moi par quoi je puisse te nommer mon tout.
Laisse seulement subsister ce peu de ma volonté par quoi je puisse te sentir de tous côtés, et venir à toi en toutes choses, et t'offrir mon amour à tout moment.
Laisse seulement subsister ce peu de moi par quoi je ne puisse jamais te cacher.
Laisse seulement cette petite attache subsister par quoi je suis relié à ta volonté, et par où ton dessein se transmet dans ma vie : c'est l'attache de ton amour.
Laisse seulement subsister ce peu de ma volonté par quoi je puisse te sentir de tous côtés, et venir à toi en toutes choses, et t'offrir mon amour à tout moment.
Laisse seulement subsister ce peu de moi par quoi je ne puisse jamais te cacher.
Laisse seulement cette petite attache subsister par quoi je suis relié à ta volonté, et par où ton dessein se transmet dans ma vie : c'est l'attache de ton amour.
***
Je croyais que mon voyage touchait à sa fin, ayant atteint l'extrême limite de mon pouvoir, - que le sentier devant moi s'arrêtait, que mes provisions étaient épuisées et que le temps était venu de prendre retraite dans une silencieuse obscurité.
Mais je découvre que ta volonté ne connaît pas de fin en moi. Et quand les vieilles paroles expirent sur la langue, de nouvelles mélodies jaillissent du cœur ; et là où les vieilles pistes sont perdues, une nouvelle contrée se découvre avec ses merveilles.
Ceci est mon délice d'attendre et d'épier ainsi sur le bord de la route où l'ombre poursuit la lumière, et la pluie vient sur les traces de l'été.
Des messagers, avec des nouvelles d'autres cieux, me saluent et se hâtent le long de la route. Mon cœur exulte au-dedans de moi, et l'haleine de la brise qui passe est douce.
De l'aube au crépuscule, je reste devant ma porte ; je sais que soudain l'heureux moment viendra où je verrai.
Cependant je souris et je chante, tout solitaire. Cependant l'air s'emplit du parfum de la promesse.
Mais je découvre que ta volonté ne connaît pas de fin en moi. Et quand les vieilles paroles expirent sur la langue, de nouvelles mélodies jaillissent du cœur ; et là où les vieilles pistes sont perdues, une nouvelle contrée se découvre avec ses merveilles.
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Ceci est mon délice d'attendre et d'épier ainsi sur le bord de la route où l'ombre poursuit la lumière, et la pluie vient sur les traces de l'été.
Des messagers, avec des nouvelles d'autres cieux, me saluent et se hâtent le long de la route. Mon cœur exulte au-dedans de moi, et l'haleine de la brise qui passe est douce.
De l'aube au crépuscule, je reste devant ma porte ; je sais que soudain l'heureux moment viendra où je verrai.
Cependant je souris et je chante, tout solitaire. Cependant l'air s'emplit du parfum de la promesse.
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Durant plus d'un jour de paresse j'ai pleuré sur le temps perdu. Pourtant il n'est jamais perdu, mon Seigneur ! Tu as pris dans tes mains chaque petit moment de ma vie.
Caché au cœur des choses, tu nourris jusqu'à la germination la semence, jusqu'à l'épanouissement le bouton, et la fleur mûrissante jusqu'à l'abondance du fruit.
J'étais là, sommeillant sur mon lit de paresse et je m'imaginais que tout ouvrage avait cessé. Je m'éveillai dans le matin et trouvai mon jardin plein de merveilles et de fleurs.
***
Dans une salutation suprême, mon Dieu, que tous mes sens se tendent et touchent ce monde à tes pieds.
Pareil au nuage de juillet traînant bas sa charge d'averses, que mon esprit s'incline devant ta porte dans une suprême salutation.
Que les cadences de mes chants confluent en un accord unique et rejoignent l'océan de silence dans une suprême salutation.
Pareil au troupeau migrateur d'oiseaux qui, nuit et jour, revolent impatients vers les nids qu'ils ont laissés dans la montagne, que ma vie, ô mon Dieu, s'essore toute vers son gîte éternel dans une suprême salutation.
Rabindranath Tagore
L'Offrande lyrique
L'Offrande lyrique
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