Le poète : Giuseppe Ungaretti
Né à Alexandrie en 1888, Giuseppe Ungaretti vécut quelques temps à Paris, où il rencontra Apollinaire et participa au futurisme. Professeur au Brésil de 1936 à 1942, il rentra à Rome pour enseigner la littérature française. Il est également traducteur d'écrivains anglais, espagnols et français. Sa vie touche à sa fin le 3 juin 1970 à Milan.
Les poèmes d'Ungaretti sont pareils à des tentes, haltes précaires: un moment de révolte, un moment de désespoir, un moment de trêve, d'attente, d'abandon, à peine le temps d'une réflexion, d'une sentence et c'est déjà le silence. Un mot n'y est pas plus (mais pas moins) qu'une feuille qui tremble dans la nuit.
Une magnifique archive d'un entretien en français avec Giuseppe Ungaretti, où il récite notamment un poème et parle de la poésie dans sa vie, peut se voir ici:
Quelques textes:
TOUJOURS
D'une fleur cueillie à l'autre offerte
l'inexprimable rien
D'une fleur cueillie à l'autre offerte
l'inexprimable rien
***
COUCHER DE SOLEIL
La peau du ciel
éveille des oasis
au nomade d'amour
La peau du ciel
éveille des oasis
au nomade d'amour
***
MATIN
Je m'éblouis
d'infini
Je m'éblouis
d'infini
***
VEILLÉE
Une nuit entière
jeté à côté
d'un camarde
massacré
sa bouche grinçante
tournée à la pleine lune
ses mains congestionnées
entrées
dans mon silence
j'ai écrit
des lettres pleines d'amour
Je n'ai jamais été
plus
attaché à la vie
Une nuit entière
jeté à côté
d'un camarde
massacré
sa bouche grinçante
tournée à la pleine lune
ses mains congestionnées
entrées
dans mon silence
j'ai écrit
des lettres pleines d'amour
Je n'ai jamais été
plus
attaché à la vie
***
PHASE D'ORIENT
Dans la mollesse mouvante d'un sourire
nous nous sentons noués par un tourbillon
de bourgeons de désir
Le soleil nous vendange
Nous fermons les yeux
pour voir nager sur un lac
des promesses infinies
Nous en revenons marquer la terre
avec ce corps
qui à présent pèse si fort
Dans la mollesse mouvante d'un sourire
nous nous sentons noués par un tourbillon
de bourgeons de désir
Le soleil nous vendange
Nous fermons les yeux
pour voir nager sur un lac
des promesses infinies
Nous en revenons marquer la terre
avec ce corps
qui à présent pèse si fort
***
LINDOR DE DÉSERT
Balancement d'ailes de fumée
tranche le silence des yeux
Avec le vent s'égrène le corail
d'une soif de baisers
Je blêmis de stupeur c'est l'aube
La vie se transvase en moi
dans un enchevêtrement de nostalgies
Je reflète à présent les coins du monde
que j'avais pour compagnons
et flairant l'étendue je m’oriente
Jusqu'à la mort à la merci du voyage
Nous avons les haltes du sommeil
Le soleil essuie les larmes
Je me couvre du manteau tiède
de lin d'or
De cette terrasse de désolation
je me penche dans les bras
du beau temps
Balancement d'ailes de fumée
tranche le silence des yeux
Avec le vent s'égrène le corail
d'une soif de baisers
Je blêmis de stupeur c'est l'aube
La vie se transvase en moi
dans un enchevêtrement de nostalgies
Je reflète à présent les coins du monde
que j'avais pour compagnons
et flairant l'étendue je m’oriente
Jusqu'à la mort à la merci du voyage
Nous avons les haltes du sommeil
Le soleil essuie les larmes
Je me couvre du manteau tiède
de lin d'or
De cette terrasse de désolation
je me penche dans les bras
du beau temps
***
SÉRÉNITÉ
Après tant
de brouillard
l'une
après l'une
des étoiles
se dévoilent
Je respire
la fraîcheur
que me laisse
la couleur
du ciel
Je me reconnais
image
passagère
Prise dans un cycle
immortel
Après tant
de brouillard
l'une
après l'une
des étoiles
se dévoilent
Je respire
la fraîcheur
que me laisse
la couleur
du ciel
Je me reconnais
image
passagère
Prise dans un cycle
immortel
***
PAIX
Les raisins sont mûrs, le champ labouré,
La montagne se détache des nuages.
Sur les miroirs poudreux de l'été
L'ombre est tombée,
Entre les doigts incertains
Leur lumière est claire
Et lointaine.
Avec les hirondelles s'enfuit
Le dernier déchirement.
Les raisins sont mûrs, le champ labouré,
La montagne se détache des nuages.
Sur les miroirs poudreux de l'été
L'ombre est tombée,
Entre les doigts incertains
Leur lumière est claire
Et lointaine.
Avec les hirondelles s'enfuit
Le dernier déchirement.
Giuseppe Ungaretti
Vie d'un homme
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